Dans de vastes étendues désertes, de lourdes machines s’affairent à briser la roche, écraser ou forer le sol, ériger des montagnes, canaliser de l’eau, transformer des matériaux, trancher, malaxer, comprimer, broyer, recouvrir… À la suite de ces dispositifs mécaniques, des individus, mi-participants mi-observateurs, tantôt jaugent ces travaux titanesques et s’en étonnent, tantôt semblent y apporter leur concours. Que sont ces travaux ? Qui les ordonne ou les dirige ? En quel but ? Où sommes-nous ? Qui sont ces personnages masqués et étrangement accoutrés ? Quelles que soient leur nature ou leur statut, leur ambition paraît en tout cas atteindre son comble lorsque, face à un paysage nouveau radicalement façonné, placés au cœur de gigantesques artefacts, ils lèvent ensemble les bras et laissent soudain éclater des cris de pur enthousiasme : « Waaaaa… »
Avec ces huit récits démiurgiques regroupés sous l’intitulé Travaux publics, Yûichi Yokoyama posait, en 2004, les fondations d’un monde qu’il allait par la suite s’attacher à décrire sans relâche, à travers de nombreux ouvrages tels Voyage, Jardin, Explorations, La Terre de glace, et plus récemment Plaza, tous publiés aux Éditions Matière. Cette nouvelle édition — augmentée de trois récits inédits et de photographies de paysages-chantiers prises par Yokoyama — célèbre vingt années de Travaux publics.